Titien, Van Gogh, Picasso ou bien Velasquez : nombreux sont les grands peintres à avoir immortalisé des scènes de sieste ! Si, dans la tradition chinoise, la sieste est bien plus qu’un moment de repos -soit un moment de recueil, de reconnexion avec soi, pour se trouver au réveil, dans l’action-, ce sommeil court n’a pourtant pas toujours eu bonne réputation. Pourtant, cette pratique se révèle plus que bénéfique pour notre organisme… Le docteur Tourrasse nous explique pourquoi !
Aujourd’hui, on constate que ce petit bout de temps que l’on s’accordait avec bonheur et simplicité jusqu’au milieu du XXème siècle, a perdu de son éclat face aux exigences de la productivité.
La sieste est devenue, jusqu’à il y a peu, une perte de temps, réservée aux gens du sud ou à ceux qui ne prennent pas les choses au sérieux.
C’est une erreur ! Car non seulement la sieste est bonne pour l’esprit, le bien-être, le « se sentir bien », mais elle est également bonne pour la santé, pour le moral, la pertinence, l’efficacité, la productivité.
Et parce que la sieste, c’est avant tout un sommeil court, parlons donc un peu du sommeil...
Tous les animaux dorment. Et étonnamment, pourtant, le sommeil est un laps de temps dans la vie pendant lequel on est des plus vulnérables. Il apparaît donc comme une évidence que dormir ne peut pas se contenter d’être un passe-temps, ou un bien-être, mais une fonction essentielle à la vie.
Une simple logique de déduction nous amène à l’hypothèse que le corps, se recyclant en permanence - à l’instar des émonctoires qui drainent, vers la sortie, les toxines résultant de la chimie du corps : reins, foie, peau, poumons, intestin-, il existe aussi les toxines créées par la chimie cérébrale, et au bout d’un moment, il faut bien les évacuer elles-aussi…
Cette observation simple a fini par être expliquée, en partie, il y a quelques années, quand on a découvert que le cerveau draine ses toxines quand il dort.
Toute activité chimique génère des résidus, à fortiori quand il s’agit d’une activité aussi complexe. Il est très probable que nous découvrirons aussi, dans les années à venir, que le cerveau recycle les toxines de l’activité mentale consciente, lors du sommeil.
On s’est également rendu compte que l’activité cérébrale consciente génère un neuromédiateur (appelé adénosine) dont l’action progressive, en s’accumulant dans l’organisme, ralentit le rythme cérébral et favorise l’endormissement.
Ainsi, plus je reste éveillé, plus je m’imprègne de chimie qui fait dormir… Mais ce neurotransmetteur et ces toxines ne sont probablement qu’une toute petite pièce des mécanismes complexes dans lesquels plonge le corps quand nous dormons.
Quand vous venez de lire une page sans l’avoir comprise, ou que vous vous laissez flotter en voyant défiler le paysage dans le train, vous êtes en train d’expérimenter le mode hypnose, dans lequel notre cerveau, tout au long de la journée, plonge de manière régulière, qu’on le perçoive ou pas. C’est un état physiologique, normal, indispensable à son bon fonctionnement.
Très souvent, cela se produit quand on est devant notre ordinateur, on bugge quelques instants, puis on reprend. C’est normal, notre cerveau ne peut pas travailler en production ou en apprentissage de manière continue pendant des heures.
Le manque de sommeil a des conséquences, non seulement sur l’humeur et sur nos facultés cognitives, c’est-à-dire nos facultés intellectuelles, mais également sur la santé. C’est pourquoi, la sieste revêt une importance capitale sur tous ces points : santé, humeur, facultés intellectuelles, et donc performance au travail.
Le sommeil comporte plusieurs phases, sous forme de cycles d'environ une heure et demie. C’est la phase de sommeil paradoxal qui correspond à la production des rêves. Elle dure une vingtaine de minutes.
Bien que toutes les phases de sommeil aient leur importance, il semble que le sommeil paradoxal soit la phase la plus importante sur le plan de la récupération.
Et vous remarquerez que, quand vous vous assoupissez ne serait-ce qu'une minute ou deux (par exemple en voiture), vous plongez instantanément dans les rêves, et vous ressortez de ce mini sommeil un petit peu plus en forme. Pas très longtemps, mais suffisamment pour vous en rendre compte.
Si vous dormez une vingtaine de minutes, la bonne forme durera bien plus longtemps !
Que s’est-il passé ? La sieste a opéré un processus de régénération, salvateur.
La première chose que l’on ressent, c’est une certaine fluidité dans le corps et dans l’esprit, une plus grande acuité pour comprendre et percevoir, une plus grande pertinence dans l’analyse d’une situation. Il semble donc plus intéressant, en termes de rendement, de préférer une sieste courte de 20 à 30 minutes, à une sieste d’une heure et demie au bout de laquelle on va émerger avec difficulté.
L’observation montre d’ailleurs que, dans la majorité des cas, une sieste longue ne favorise pas le sommeil nocturne et peut même le perturber. Néanmoins, une sieste courte va l’améliorer. Mais cela est affaire de cas particulier. Une personne plus âgée, qui fonctionne sur un rythme plus lent qu’un jeune de 20 ans, aura naturellement tendance à avoir besoin d’une sieste plus longue.
On peut utiliser des aides pour ceux qui ont du mal à lâcher prise pour faire la sieste, telles que : écouter une musique douce, une séance de relaxation, le bruit des vagues, le chant des oiseaux… ou bien encore une conférence sur n’importe quel sujet qui vous intéresse !
D’ailleurs, le fait de se trouver les yeux fermés, immobile, uniquement focus sur la voix du conférencier, peut induire un état de somnolence au bout de quelques minutes. Cela peut être, chez certaines personnes, une bonne manière de faciliter le sommeil. Puisque chacun est différent, il faut essayer différentes mises en place et techniques, et adopter la méthode qui marche !
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